POST-OPéRATOIRE
N° 1
Je ne me souviens plus très bien, avais-je
passé 3 jours chez ma mère et autant à
Kandahar? Avais-je commencé un voyage en
lisière de la mort et en même temps en
lisière de ma survivance. Javais
eu en tout cas un rendez-vous avec mes
coronaires bouchées. Cest au bord
dun territoire de neige que je
repris goût à la grande vie celle que
je lisais déjà dans les astres et les
constellations de la nuit, celle que javais
aperçue quand de subtils endormeurs mendormirent
le 22 février de cette année pour
remettre de lordre dans ma petite mécanique
quantique.
De grands mécaniciens corporels saffairèrent
autour de moi 6 heures durant et ma
conscience balbutiante hésitait encore
entre continuer ou disparaître. A la fin
de ce match où la Vie obtint gain de
cause, exténués, ils me reconduisirent
processionnellement dans ma chambre où mattendaient
mes deux fils bien aimés qui souriaient
dans leurs larmes.
Des infirmières et des amies proches
prirent le relais et commencèrent ma
remise à neuf, jour après jour. Soyez
tous et tous remerciés ô princes de la
chirurgie, ô infirmières expertes, ô
perfusionniste fourmi verte de la saint
Jean. O cardiologues toujours à lécoute
des coeurs qui balbutient dans limmense
cage thoracique des hommes et des femmes,
ô familiers de la palpitance et du grand
Palpitant roi des veines et
des artères et des vaisseaux
terriblement sanguins. Soyez remerciés
ô chirurgiens habiles à rétablir la
coulance de mon fleuve intérieur.
Sans vous je me serais perdu dans la
poussière des astres. On aurait inscrit
mon nom sur une pierre blanche de
Gobertange et le fleuve de loubli
aurait fait disparaître toute trace de
mon passage sur cette si tant belle boule
ronde. Jaurais regardé don
ne sait où se mouvoir mes amies, mes
amis restés sur le pont du vaisseau
spatial "Terre". Heureusement
que je ne suis pas parti à tout jamais,
je naurais jamais su que jétais
si tant aimé de vous.
Souvent je disais :Si vous avez des
fleurs à me donner, donnez-les moi de
mon vivant et voilà que je suis
encore vivant et que je reçois toutes
ces fleurs que vous mavez envoyées
du monde entier. Toutes ces marques damour
ont fait monter des larmes dans mes yeux
de convalescent émerveillé dêtre
encore là à fêter la grande équinoxe
du printemps zéro sixième.
Julos en Tourinnes-la grosse le 22 mars
cétait il y a juste un mois.
(la photo
ci-jointe: Roger Milutin - 13 février
2006)
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