1) Qu'est-ce qu'un prologue ? (voir définition dans le lexique)
2) Quelle est la particularité de ce prologue ?
Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone. Antigone, c'est la petite maigre qui est assise là-bas, et qui ne dit rien. Elle regarde droit devant elle. Elle pense. Elle pense qu'elle va être Antigone tout-à-l'heure, qu'elle va surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille et se dresser seule en face du monde, seule en face de Créon, son oncle, qui est le roi. Elle pense qu'elle va mourir, qu'elle est jeune et qu'elle aussi, elle aurait bien aime vivre. Mais il n'y a rien à faire. Elle s'appelle Antigone et il va falloir qu'elle joue son rôle jusqu'au bout... Et, depuis que ce rideau s'est levé, elle sent qu'elle s'éloigne à une vitesse vertigineuse de sa soeur Ismène, qui bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là bien tranquilles à la regarder, de nous qui n'avons pas à mourir ce soir.
3) Tentez de supprimer
les répétitions dans le premier paragraphe.
Voilà. Ces personnages vont vous jouer l'histoire d'Antigone, la
petite maigre assise là-bas, qui ne dit rien, regarde droit
devant elle, pense qu'elle va être Antigone
tout-à-l'heure, surgir soudain de la maigre jeune fille noiraude
et renfermée que personne ne prenait au sérieux dans la famille
et se dresser seule en face du monde, de Créon, son oncle, le
roi. La jeune fille sait qu'elle va mourir, malgré son très
jeune âge et son envie de vivre comme tout le monde, mais il n'y
a rien à faire il va falloir jouer son rôle jusqu'au bout. Depuis
que ce rideau s'est levé, notre héroïne sent qu'elle
s'éloigne à une vitesse vertigineuse de sa soeur Ismène, qui
bavarde et rit avec un jeune homme, de nous tous, qui sommes là
bien tranquilles à la regarder, et n'avons pas à mourir
ce soir.
4 Relevez les formules
d'insistance dans le début du second paragraphe (répétitions
ou autres) :
Le jeune homme avec qui parle la blonde, la belle,
l'heureuse Ismène, c'est Hémon, le fils de Créon. Il
est le fiancé d'Antigone. Tout le portait vers Ismène : son
goût de la danse et des jeux, son goût du bonheur et
de la réussite, sa sensualité aussi, car Ismène est
bien plus jolie qu'Antigone, et puis un soir, un soir de bal où
il n'avait dansé qu'avec Ismène, un soir où Ismène avait
été éblouissante dans sa nouvelle robe, il a été trouver
Antigone, qui rêvait dans un coin, comme en ce moment, ses
bras entourant ses genoux, et lui a demandé d'être sa
femme.
5) Comment nomme-t-on cette forme de discours :
- la forme emphatique
6) Quelle est l'utilité de cette forme ici ?
Elle a un caractère explicatif, quasiment pédagogique : comme si on expliquait à des élèves, à des enfants, en employant leur langage.
7) Quelle est l'utilité du prologue ?
- éviter les scènes d'exposition qui sont lourdes et ennuyeuses pour les spectateurs.
Personne n'a jamais compris
pourquoi. Antigone a levé sans étonnement ses yeux graves sur
lui et elle lui a dit 'oui' avec un petit sourire triste...
L'orchestre attaquait une nouvelle danse, Ismène riait aux
éclats, là-bas, au milieu des autres garçons, et
voilà,maintenant, lui, il allait être le mari d'Antigone. Il ne
savait pas qu'il ne devrait jamais exister de mari d'Antigone sur
cette terre et que ce titre princier lui donnait seulement le
droit de mourir.
Cet homme robuste, aux cheveux blancs, qui médite là, près de
son page, c'est Créon. C'est le roi. Il a des rides, il est
fatigué. Il joue au jeu difficile de conduire les hommes. Avant,
du temps d'dipe, quand il n'était que le premier
personnage de la cour, il aimait la musique, les belles reliures,
les longues flâneries chez les petits antiquaires de Thèbes.
Mais dipe et ses fils sont morts. Il a laissé ses livres,
ses objets, il a retroussé ses manches et il a pris leur place.
Quelquefois, le soir, il est fatigué, et il se demande s'il
n'est pas vain de conduire les hommes. Si cela n'est pas un
office sordide qu'on doit laisser à d'autres, plus frustes... Et
puis, au matin, des problèmes précis se posent, qu'il faut
résoudre, et il se lève, tranquille, comme un ouvrier au seuil
de sa journée.
La vieille dame qui tricote, à coté de la nourrice qui a
élevé les deux petites, c'est Eurydice, la femme de Créon.
Elle tricotera pendant toute la tragédie jusqu'à ce que son
tour vienne de se lever et de mourir. Elle est bonne, digne,
aimante. Elle ne lui est d'aucun secours. Créon est seul. Seul
avec son petit page qui est trop petit et qui ne peut rien non
plus pour lui.
Ce garçon pâle, là-bas, qui rêve adossé au mur, c'est le
Messager. C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à
l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se
mêler aux autres... Il sait déjà...
Enfin les trois hommes rougeauds qui jouent aux cartes, leur
chapeau sur la nuque, ce sont les gardes. Ce ne sont pas de
mauvais bougres, ils ont des femmes, des enfants, et des petits
ennuis comme tout le monde, mais ils vous empoigneront les
accusés le plus tranquillement du monde tout à l'heure. Ils
sentent l'ail, le cuir et le vin rouge et ils sont dépourvus de
toute imagination. Ce sont les auxiliaires toujours innocents et
satisfaits d'eux-mêmes, de la justice. Pour le moment, jusqu'à
ce qu'un nouveau chef de Thèbes dûment mandaté leur ordonne de
l'arrêter à son tour, ce sont les auxiliaires de la justice de
Créon.
Et maintenant que vous les connaissez tous, ils vont pouvoir vous
jouer leur histoire. Elle commence au moment où les deux fils d'dipe,
Etéocle et Polynice, qui devaient régner sur Thèbes un an
chacun à tour de rôle, se sont battus et entre-tués sous les
murs de la ville, Etéocle, l'aîné, au terme de la première
année de pouvoir ayant refusé de céder la place à son frère.
Sept grands princes étrangers que Polynice avait gagné à sa
cause ont été défaits devant les sept portes de Thèbes.
Maintenant la ville est sauvée, les deux frères ennemis sont
morts, et Créon, le roi a ordonné qu'à Etéocle, le bon
frère, il serait fait d'imposantes funérailles, mais que
Polynice, le vaurien, le révolté, le voyou, serait laissé sans
pleurs et sans sépulture, la proie des corbeaux et des chacals.
Quiconque osera lui rendre les devoirs funèbres sera
impitoyablement puni de mort.