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Je ne suis pas d'accord avec l'entreprise dans laquelle vous avez plongé Raphaëla. J'aime la mer. J'aime la Bretagne. J'ai navigué en bateau et en planche. Ce genre d'entreprise s'apparente aux jeux du cirque. Vous regardez et vous nous proposez de regarder, bien à l'abri, une petite souris lancée sur l'océan indien sur une coquille de noix. Si vous en avez, partez avec elle, vous et les sponsors, bien tranquilles derrière vos bureaux et vos micros. Vous n'avez pas plus de sens moral que les tyrans romains. Elle vous a dit "Je veux sauter !" et vous lui répondez : "Eh bien saute ! " on te filmera pendant ta chute. On n'est pas très loin du happy slapping. Vous formez l'esprit de la jeunesse à guetter la catastrophe et si possible à en jouir en direct. Du reste, ne jouissez vous pas déjà de sa souffrance. Ses traits émaciés à travers la bulle, cela vous satisfait. Vous pensiez peut-être que ce serait une promenade, sans danger ? Quand à toi Raphaëla, si tu as une famille, ne t'amuse pas à la faire trembler. Pense à la jeune femme qui n'entend plus sonner les appels de son mari, parti à la conquête du Makalu. Pense aux familles des héros présomptueux disparus en mer : Colas, Tabarly... et les autres. Pense aussi aux marins, de leur métier cette fois qui disparaissent chaque année sans gloire et sans publicité. Je t'aime, Raphaela, comme j'aimais Colas, Tabarly, comme j'aime aussi tous ceux qui partent au travail chaque jour, celles qui restent à la maison pour accueillir leur famille, le petits qui partent courageusement à l'école, sans publicité, sans point du jour, sans position de la planche. Arrive sans encombre à La Réunion, que je connais un peu, qui est une belle île, avec beaucoup de chômage, où j'ai de la famille et des amis. Les gens y sont chaleureux, ils te réchaufferont. Reste en vie et arrête tes bêtises, Raphaëla.

Jean-Christophe Lafaille

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