Objet détude : un mouvement littéraire : lhumanisme
Texte manuel page 16
LUtopie de Thomas More
Question 1
Dans cet extrait de LUtopie de Thomas More, montrer quelle est lattitude de lhumanisme vis à vis de la religion ?
Introduction :
Le texte que nous allons nous efforcer danalyser a été écrit en latin. Lauteur, Thomas More, était anglais et a été exécuté le 6 juin 1535 pour avoir essayé dempêcher le divorce dHenri VIII, divorce qui amènera léglise dAngleterre à se séparer du pape et à fonder la religion anglicane. (cf biographie page 464).
LUtopie (cf manuel pages 255 et 256) inaugure une ère qui croit au progrès dans tous les domaines, nourrie par une confiance toute nouvelle en lhomme, elle est chargée dorienter cette marche vers une sorte de nouvelle terre promise : la société idéale.
Elle a été également un des éléments moteurs de lhumanisme. Ici lauteur met en scène la rencontre entre ce monde nouveau et le monde quil connaît, très marqué par les violences religieuses. Peut-on concilier la tradition et lidée de progrès? Cest ce sur quoi nous allons nous interroger en examinant cet extrait.
Conseil : rédiger cette introduction. Ne pas la débiter à toute allure. Prenez le temps de respirer. La ponctuation est faite pour ça. Profitez-en pour regarder lexaminateur dans les yeux et guetter ainsi ses réactions en lui donnant bonne impression.
Le développement qui suit est destiné à vous donner quelques idées ou informations supplémentaires. Ne rédigez pas cette partie : notez vos idées, en suivant votre plan et nhésitez pas à vous reporter au texte plus souvent que moi.
Quel est donc le regard des Utopiens sur la religion, ou plutôt sur les religions ? Déjà, en conjuguant les religions au pluriel, ceux-ci opèrent-ils un élargissement de leurs champs dinvestigation, et de leur pensée qui va les conduire vers le respect des convictions dautrui. Ces convictions étant différentes et légitimement différentes, les Utopiens vont pouvoir prescrire " de ne faire tort à personne pour sa religion ". (Néanmoins, il nest pas question de tolérer ici labsence de religion).
Ces paroles ne sont pas innocentes pour une société qui a connu les croisades, à partir de 1204, linquisition, à partir de 1233, et qui va connaître les guerres de religion à partir de 1517. (Notre texte date de 1516).
Utopus, le fondateur décrète la liberté de religion, de plus " il ne proscrivit pas le prosélytisme " (cest à dire dessayer de convertir les autres à sa religion), nous dit le texte.
(rappelons que le prosélytisme avait été interdit aux juifs dès 438 par lempereur romain Théodose II).
Pourquoi cette liberté ? Largument (l 16) est donné par Utopius : " lintérêt de la religion elle-même commandait une pareille mesure ".
Second argument, divin cette fois :
" incertain si Dieu ninspirait pas lui-même aux hommes des croyances diverses. "
Lidée dhérésie, si chère à linquisition se trouve ici contestée par ce deuxième argument.
En fait, lidée que tente de promouvoir Utopus est celle de la non-violence en matière de religion :
On saperçoit ici, à lévidence, que derrière cette vision dune société idéale se dessinent la critique et la satire de notre société, et cest là une des fonctions essentielles de lUtopie.
On peut voir apparaître au-delà du respect des convictions religieuses, le respect de lindividu, demandé à lÉglise, bien entendu, mais également concédé par lÉtat et la société.
Si lhérésie nest pas punie par Utopus, lintolérance et le fanatisme le sont : l 12 " furent punis de lexil ou de lesclavage ".
Pour cette fois la punition peut sembler sévère, mais nous devons nous rappeler que nous sommes dans une société (celle de Thomas More) où lon châtie fréquemment par la hache, la pendaison ou le bûcher.
Remarquons donc quon ne prononce pas la peine de mort.
Si lintolérance est ainsi punie par Utopius, nous pouvons en déduire que la tolérance est une des valeurs de lhumanisme qui sexprime à travers ce récit.
Une autre valeur essentielle de lhumanisme est la confiance en lesprit humain, dans le raisonnement qui " propage la foi avec douceur et modestie. " l 9-10
Il ne sagit donc pas pour lUtopien de contraindre, mais de " persuader " l 11
Par là même les aspects dogmatiques et violents de la religion se trouvent-ils dénoncés.
Et si Utopus emploie une comparaison conforme au style de la parabole :
" la plus sainte religion finit par être enterrée sous une foule de vaines superstitions ainsi quune belle moisson sous les ronces et les broussailles " (27-30),
cest encore une fois pour dénoncer la violence, mais aussi les superstitions, cest-à-dire des croyances inutiles.
Un autre critère de lhumanisme est ici révélé, celui de lutilité et de lefficacité.
Ainsi se trouvent dénoncés un certain nombre dexcès de la religion. (autre caractère de lhumanisme : la modération, qui en fait un mouvement plus réformiste que révolutionnaire).
Néanmoins, nous aurons eu soin de constater quUtopus veille à la sauvegarde de la religion, quil trouve nécessaire et dont il ne souhaite pas la disparition.
Plus encore, il croit indispensable la croyance à une vie future (35),
Largument étant que cette croyance à une sanction future de sa vie terrestre peut seule maintenir lhomme dans le droit chemin.
Pour conclure :
La confiance dans la vertu humaine napparaît donc pas ici comme totale. Si nos Utopiens croient aux progrès des institutions et des lois, ils ne peuvent envisager lamélioration de notre conduite quavec laide de la religion et la question dun réel progrès moral est reportée à plus tard.
La foi en lhomme ne se conçoit pas encore sans laide dun dieu justicier capable de réfréner nos instincts les plus puissants, cest à dire la passion et légoïsme.
En effet leffort humaniste commence tout dabord par lidentification et la reconnaissance des sources de la culture et du savoir, même sil tente de se prolonger dans la vision dune société future et idéale.
Lhumaniste nen est pas encore à concevoir lhomme sans Dieu.
Essayez de rédiger également votre conclusion.